Rencontre avec CLAUDINE CLARK, naturopathe animalière

Parcours et vocation

2. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’en faire votre métier ?

Ce n’est pas une simple envie, c’est une vocation qui s’est imposée naturellement. Un peu comme un animal qui vient poser sa tête sur vos genoux sans prévenir. En travaillant avec eux depuis l’adolescence, j’ai compris qu’ils avaient besoin d’une approche plus globale, plus respectueuse de leur nature profonde. La naturopathie est arrivée comme une réponse à ce manque. Elle m’a permis d’allier écoute, intuition et connaissances pour accompagner tous les animaux, quels qu’ils soient, d’une manière plus douce et plus juste.

3. Quelle formation avez-vous suivie pour devenir naturopathe pour animaux ?

Je consacre ma vie à l’étude des animaux, avec un parcours riche et passionné qui s’étend de l’élevage à l’éthologie, en passant par un diplôme d’auxiliaire de santé animale. J’ai suivi de nombreuses formations pour approfondir ma connaissance de leur corps, de leurs comportements et de leurs besoins profonds. Pour la naturopathie, j’ai choisi une école spécialisée afin de bâtir des bases solides et respectueuses. Mais mon chemin ne s’est pas arrêté là : je me suis également formée à la cytamphology, au reiki, aux massages énergétiques… Car avec les animaux, l’apprentissage est sans fin. Chaque jour, ils nous offrent une leçon d’équilibre, d’intuition et de confiance, nous invitant à grandir à leurs côtés.

Vie professionnelle

4. Comment se déroule une séance type de naturopathie animale ?

Avec moi, une séance type de naturopathie animale débute par un échange complet avec le propriétaire. On prend le temps de comprendre l’histoire de l’animal, son quotidien, son alimentation, ses petits soucis, pour saisir vraiment son contexte global.

Cette séance peut se faire en visio, mais idéalement, elle se déroule en présentiel. C’est important, car le contact direct permet de mieux ressentir le « feeling » entre le praticien, l’animal et son propriétaire. On capte plus facilement le comportement, la posture, l’énergie, des détails qu’on ne perçoit pas toujours à distance.

Ensuite, j’observe l’animal attentivement, j’évalue son état général pour cerner ses besoins. Puis, je propose un accompagnement naturopathique personnalisé : conseils alimentaires, plantes, massages ou autres techniques naturelles adaptées.

Enfin, un suivi est mis en place pour ajuster le protocole selon l’évolution de l’animal, toujours dans le respect de son équilibre naturel. Et surtout, si quelque chose d’alarmant apparaît, je recommande immédiatement une consultation vétérinaire. La naturopathie animale complète les soins, elle ne les remplace jamais.

6. Quelles approches ou méthodes privilégiez-vous dans votre pratique ? (plantes, nutrition, fleurs de Bach, massages, etc.) ?

Dans ma pratique, j’aime surtout partir à la découverte des plantes, qui sont un véritable trésor de la nature, pleines de pouvoirs subtils pour soutenir l’animal. La cytamphologie me fascine également : cette approche singulière qui explore l’énergie et la vibration au cœur du vivant. Mais en réalité, chaque animal est unique, et c’est lui qui guide le chemin. Parfois, ce sera la nutrition qui fera toute la différence, d’autres fois les fleurs de Bach, ou un massage doux qui apaisera. Je privilégie toujours ce qui résonne le mieux avec le profil de l’animal et sa réponse.

7. Quels sont les troubles que vous rencontrez le plus souvent chez les chiens et chats que vous accompagnez ?

Chez les chiens et les chats que j’accompagne, les troubles les plus fréquents ressemblent souvent aux petits déséquilibres qu’on connaît nous aussi aujourd’hui. Comme chez nous, l’anxiété devient de plus en plus présente chez nos compagnons, parfois liée au stress du quotidien ou à des changements dans leur environnement. On voit aussi beaucoup de troubles digestifs ou des problèmes de peau qui affectent leur bien-être. Mais au-delà du visible, il y a souvent une tension énergétique, une sorte de malaise qu’on ne voit pas mais qu’on ressent. Chaque trouble raconte une histoire, et la naturopathie vient tendre la main pour rétablir l’harmonie naturellement.

8. Comment réagissent les animaux pendant vos séances ? Et comment faites-vous pour rassurer ceux qui sont méfiants ou anxieux ?

Pendant mes séances, c’est souvent surprenant : ce sont les animaux les plus anxieux qui finissent par s’abandonner plus facilement, comme s’ils sentent qu’ils peuvent enfin poser leur garde. À l’inverse, ceux qui semblent très confiants au premier abord montrent parfois plus de méfiance, un peu comme s’ils jouaient à cache-cache avec la confiance.

Pour les rassurer, la clé, c’est de prendre le temps, surtout avec le maître. Je commence toujours par mettre le propriétaire à l’aise, car son énergie se transmet à l’animal. Quand le maître est détendu, l’animal le ressent et s’ouvre plus facilement.

Vie personnelle & liens avec les animaux

10. Vous arrive-t-il de créer un lien très fort avec certains animaux que vous suivez ?

Oui, il arrive fréquemment que je développe un lien fort avec certains animaux que je suis. Cette relation repose sur l’observation attentive et le respect de leur nature. Quand un animal se montre confiant, cela facilite grandement l’accompagnement et permet d’adapter plus précisément les solutions naturopathiques à ses besoins. Ce lien professionnel, basé sur la confiance mutuelle, est souvent un facteur clé de réussite dans la prise en charge. Il y a également ceux qui ont des traitements longs ou des histoires particulièrement touchantes. Ça ne se contrôle pas, ça arrive tout simplement.

12. Que vous apporte ce métier sur le plan personnel ou émotionnel ?

Ce métier m’apporte une richesse profonde sur le plan personnel et émotionnel. Travailler au contact des animaux, c’est apprendre chaque jour l’écoute vraie, la patience, et le respect d’un autre être, avec toute sa sensibilité et ses fragilités. C’est aussi une source constante d’humilité, car on comprend vite qu’on ne fait pas de miracles, mais qu’on accompagne un équilibre fragile.

Sur le plan émotionnel, c’est une expérience intense : voir un animal retrouver du bien-être, c’est un cadeau qui nourrit profondément. Mais c’est aussi un engagement, parfois difficile, face à la souffrance ou aux limites. Ce métier m’enseigne chaque jour la force du lien, la douceur dans l’accompagnement, et l’importance de rester à la fois passionnée et attentive. C’est un chemin qui nourrit autant le cœur que l’esprit.

Conseils & regards sur le métier

12. Quelles qualités sont essentielles pour exercer ce métier selon vous ?

Pour exercer ce métier, je pense que la qualité la plus essentielle, c’est l’écoute, pas uniquement entendre, mais vraiment écouter, avec toute sa présence. Il faut aussi beaucoup de patience, parce que chaque animal avance à son rythme, et rien ne se fait à la va-vite. La bienveillance est indispensable, pas seulement envers l’animal, mais aussi envers le propriétaire, qui traverse parfois ses propres doutes.

Enfin, je crois qu’il faut une certaine humilité, savoir que l’on est là pour accompagner, jamais pour imposer, et que la nature elle-même reste la plus grande guérisseuse. C’est un métier où le cœur guide souvent autant que la technique, et c’est ça qui le rend unique.

Enfin, beaucoup imaginent que c’est réservé aux animaux « en bonne santé » ou qu’on ne peut intervenir qu’en prévention. Mais la naturopathie accompagne aussi les animaux en souffrance, en respectant toujours leurs limites et en travaillant souvent main dans la main avec le vétérinaire.

14. Comment savoir si mon animal a besoin de consulter un naturopathe ?

Pour savoir si son animal a besoin d’un naturopathe, il faut surtout ouvrir les yeux et le cœur. Souvent, c’est dans les petits détails qu’on ressent que quelque chose cloche, un stress qui s’installe, une énergie qui baisse sans raison, ou ces petites habitudes qui changent, moins d’appétit, des grattages, un regard un peu triste. Ce sont comme des appels silencieux que l’animal lance pour dire qu’il a besoin d’un coup de pouce naturel.
Parfois, c’est même plus subtil, presque invisible, un déséquilibre intérieur qu’on ne voit pas mais qu’on peut sentir. La naturopathie, c’est justement aller chercher ce qui ne se voit pas, pour aider l’animal à retrouver son harmonie.

Et puis, dès qu’il y a un changement dans sa vie, un déménagement, un nouvel environnement, une convalescence, c’est un moment où il a souvent besoin d’un soutien doux. En fait, c’est un peu comme offrir à son compagnon un souffle de bien-être, avant même que les problèmes ne s’installent.

Pour conclure

15. Avez-vous une anecdote marquante ou une belle histoire à partager ?

Oui celle qui m’a le plus marquée jusqu’ici c’est l’histoire d’Irda, une chienne croisée border, très âgée, fatiguée, presque éteinte. Quand je l’ai rencontrée, elle ne mangeait plus vraiment, ne bougeait presque pas, grognait doucement quand on s’approchait trop. Sa posture, son regard, tout laissait penser qu’elle s’éloignait doucement. Mais sa propriétaire, malgré sa tristesse, sentait qu’il restait une petite flamme. Elle m’a dit : « J’ai l’impression qu’elle veut partir, mais je sens que ce n’est pas encore le moment. »

On a commencé tout doucement. Des plantes pour soutenir ses organes fatigués, des massages très lents, presque méditatifs, un travail sur le confort, le lien, et surtout, beaucoup de respect pour son rythme. Irda était méfiante au début, elle avait ce regard des chiens qui en ont trop vu, trop ressenti. Mais petit à petit, elle a relâché. Vraiment. Elle s’est remise à manger. Elle a voulu sortir. Puis un jour, elle s’est levée pour aller chercher son jouet préféré. On aurait dit une renaissance.

Ce qu’on a gagné, ce n’était pas juste du temps, c’était de la qualité. Des moments doux, des câlins qu’elle ne voulait plus quitter, des regards clairs, vivants. Elle a vécu encore plusieurs mois, tranquillement, en paix. Et puis, quand le moment est venu, sa propriétaire m’a appelée. Elle m’a dit simplement : « Tu lui as offert les plus beaux moments de sa fin de vie. » C’est resté gravé en moi.

Parce que c’est ça, au fond, mon métier, créer de l’espace pour que la vie circule encore un peu, pour que même la fin soit belle, digne, et pleine de présence.

Un grand merci à Claudine pour la richesse de ses partages et la sincérité avec laquelle elle nous a ouvert les portes de son métier et de son univers.