éducatrice canine avec un chien
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Rencontre avec ARGITXU ELISSAGARAY, éducatrice canine

Publié le 29 novembre 2024
Mis à jour le 26 décembre 2024

Partez à la découverte du métier d’éducateur canin à travers le portrait d’Argitxu Elissagaray et le projet "Un pas vers l'adoption" financé par la Fondation Ultra Premium Direct. L’objectif ? Offrir un nouveau départ à des chiens dits “difficiles” abîmés par les erreurs humaines…

chien de refuge derrière une grille

Pourrais-tu nous dire quelques mots sur ton métier ?

Je suis éducatrice canine depuis environ 10 ans maintenant. Je suis formée en rééducation canine et j’ai aussi des spécificités en lien avec l’accompagnement bien-être (plantes, sélection instinctive), ce qui apporte un plus dans ma pratique. J’ai aussi créé un centre de formation pour commencer à former des éducateurs canins qui pourront bientôt me remplacer en éducation positive et prendre le relai.

Quel est ton parcours ?

J’ai suivi une formation privée de haute qualité en éducation positive. En éducation, il y a plusieurs courants. Il y a l’éducation traditionnelle, qui parle de dominance et de hiérarchie et il y a l’éducation positive qui va utiliser des mécanismes très différents de la dominance et de hiérarchie. Je me suis naturellement dirigée vers l’éducation positive car en éthologie, c’est désormais prouvé que la dominance n’existe pas. Quand j’ai voulu me former, il y a un peu plus de 10 ans, il n’y avait pas beaucoup d’accès à ce type d’éducation, sauf cette formation que j’ai trouvée qui s’appelle Animalin. Elle a été créée par une grande dame de l’éducation canine qui s’appelle Catherine Collignon. Tous les ans, j’ai fait des formations diverses et variées. À mes débuts, j’ai fait des stages sur comment animer un groupe, j’ai ensuite fait de la rééducation en refuge, de l’éducation de base. Donc mon CV est assez rempli mais l’objectif c’est surtout de me perfectionner car c’est un métier où on a vraiment besoin d’évoluer. Tout change, le chien est avec nous depuis très longtemps, c’est l’une des premières espèces qui a habité avec nous mais il y a très peu d’études sur lui. Il y a plus d’études sur les dauphins et les orques et leur fonctionnement que sur les chiens ! Maintenant nous avons plus de recul mais du coup il faut se tenir informé de ce qu’on révèle sur le chien car c’est important pour être un bon éducateur canin.

Il y a plus d’études sur les dauphins et les orques et leur fonctionnement que sur les chiens !

Quelles sont les qualités pour être comportementaliste ?

La qualité première c’est d’aimer les humains. J’entends beaucoup de personnes qui disent “moi je veux faire éducateur canin parce que je n’aime pas les humains, je n’aime que les chiens.” La première personne avec qui tu vas travailler, c’est l’humain. Et si tu n’as pas ce travail d’équipe avec l’humain, tu ne vas pas faire évoluer le chien dans la famille. Donc il faut en fait beaucoup aimer les humains !
Deuxièmement, il faut beaucoup aimer répéter. Ce n’est pas la faute des humains mais notre cerveau est fait de telle façon qu’il ne va retenir que 13 ou 15% de ce qu’on va lui dire sur le moment. Et il va retenir seulement ce dont il a besoin à la demie seconde. Il faut donc une grande patience et surtout être très pédagogue. Quand je donne un cours d’éducation canine, l’objectif c’est vraiment de transmettre les informations, qu’ils comprennent pourquoi et répéter pour qu’ils puissent l’appliquer.
Enfin, il y a les qualifications. Il faut aimer se former. Il y a beaucoup d’éducateurs canins qui ne sont pas formés ou pas assez. C’est vraiment un tort. Il faut aimer apprendre pour pouvoir transmettre.

La qualité première c’est d’aimer les humains.

Quelles sont les contraintes du métier ?

Il y a très peu d’emplois salariés en éducateur canin donc il faut souvent monter son entreprise. Être indépendant ce n’est pas facile, ça signifie que tu es obligé d’aller travailler quand tu es malade, sinon tu ne gagnes pas d’argent et si tu prends des vacances, tu dois les financer. C'est beaucoup de contraintes mentales. Ensuite, c’est un métier où tu es beaucoup à l’extérieur. Donc c'est super instagrammable quand il fait beau, que tu es en forêt et que tu es en train de travailler un rappel avec un chien. Mais en réalité c’est aussi se lever tôt et aller peut-être travailler sous la pluie à -5 degrés avec un chien. Il faut donc être vraiment apte physiquement. Il faut parfois travailler avec un chien qui va beaucoup tracter, il faut être gainé et solide. C’est physique comme profession donc il faut aussi se préparer à ça.

éducatrice canine avec un chien

Quelle est ta journée type ?

Ma journée type en général c’est 5-6h de pratique de cours d’éducation où j’accompagne les personnes. Ça peut être en ville, en forêt, en montagne ou encore à domicile. Cela dépend des problématiques que je vais rencontrer. Il y a aussi une partie administrative, avec l’envoi des factures, faire signer les contrats, répondre aux gens. Il y a beaucoup de travail sur le téléphone en continu car c’est un véritable travail d’équipe. Il faut répondre, rassurer et donner des solutions.
En dernier c’est le travail sur les réseaux sociaux, parce qu’à l’heure actuelle, c’est un travail qui est devenu beaucoup en lien avec les réseaux. Et ça, ce n’est pas facile tous les jours ! Je vais publier ce que j’ai fait pendant ma journée, faire des posts etc.
La journée type d’un éducateur canin je pense que c’est à la fois un côté pratique et un côté administration / réseaux sociaux.

Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton métier ?

J’adore transmettre mes connaissances et voir les effets que ça provoque dans les familles. On se rend compte qu’avec des petits détails et des petites connaissances sur le chien, on va faire progresser la situation en très peu de temps.

Peux-tu nous raconter ta plus belle histoire ?

Elle est assez récente et elle est finalement représentative de plusieurs histoires que j’ai pu vivre avec différents chiens. Elle concerne la progression des chiens très sensibles. Je pense notamment à Virgule, un cocker très peureux, et Luna. Avec ce type de comportement, on comprend que cette peur que le chien n’arrive pas à maîtriser peut déboucher sur de la morsure. 98% des chiens qui mordent en arrivent à ce stade à cause de la peur. Le but était de faire en sorte que ce chien n’arrive jamais à la situation de la morsure. Ce qui est satisfaisant c’est qu’il a vraiment progressé, il aime les humains, il commence à être vraiment rassuré, même si quelqu’un veut le toucher. C’est une très belle réussite pour moi et pour tous ces chiens qu’on a réussi à “réveiller”.

La morsure est bien souvent une réaction de peur, et il faut éviter à tout prix d’y arriver.

Peux-tu nous parler du projet avec la Fondation Ultra Premium Direct ?

Ce projet c’est vraiment mon bébé, je suis ravie de pouvoir le finaliser avec Ultra Premium Direct et le refuge de Bayonne . On l’a appelé “Seconde Chance”, car le but est de donner une seconde chance à des chiens du refuge qui ont des gros soucis de comportement.

Ces chiens ne sont aujourd’hui pas adoptables pour plusieurs raisons : soit ils ont trop de peurs, soit ils ont créé de l'agressivité pour se défendre, soit ils sont trop speed. Peu importe la raison qui fait qu’ils sont ici aujourd’hui, l’idée c’était de pouvoir retravailler avec eux pour pouvoir les réhabiliter dans des foyers normaux et surtout qu’ils sortent du refuge. J’aime dire que ce n’est pas de la rééducation, c’est de la réhabilitation. ll faut leur réapprendre à revivre en famille dans la vie ordinaire, et pas enfermés entre 4 murs.

Fondation Ultra Premium Direct

Quel est l’objectif du projet ?

Le but c’est vraiment de faire adopter ces chiens en difficulté. Ce sont des chiens qui vont être suivis par des éducateurs sur le long terme. Les familles pourront être accompagnées de façon efficace. Beaucoup de possibilités renaissent pour ces chiens grâce à ce projet.

Ces chiens sont aimés, et surtout ré aimés. Au refuge, ils font partie d’une famille. Mais il faut leur offrir une seconde vie, une vie réelle en dehors des murs du refuge.

Pourquoi ce projet te tient-il à cœur ?

J’adore travailler en refuge, et c’est d'ailleurs là que j’ai commencé. Ma formatrice me disait à l’époque “les meilleurs chiens qui peuvent t’apprendre, ce sont les chiens de refuge”. Pourquoi ? Parce que premièrement, il n’y a pas la pression du référent qui attend un résultat. Donc quand tu es jeune éducateur canin, ça fait parfois du bien de ne pas avoir cette pression du résultat. Deuxièmement, tu es face à des chiens qui sont vraiment blessés donc tu vas avoir besoin de réfléchir, de les accompagner. Tu ne vas pas pouvoir les leurrer avec une petite friandise. Professionnellement, c’est très attirant comme milieu même si c’est très dur émotionnellement. Mais j’adore venir pendant plusieurs heures et voir le résultat sur le chien.
Enfin et surtout, je trouve que travailler avec ces chiens de refuge c’est aussi s’excuser en tant qu’humain. Il y a une réelle problématique du côté des propriétaires qui entraîne un abandon.

Ça nous sert aussi à dire “excusez-nous”.

Si tu devais dire quelque chose aux futurs adoptants de ces chiens, que dirais-tu ?

Je leurs dirais "Vous n’êtes pas seuls. Vous êtes en train de donner une seconde chance à des chiens qui ont des problèmes spécifiques mais surtout tellement de qualités. On est là, on ne vous lâche pas, et merci".

Un grand merci à Argitxu d'avoir partagé sa passion !

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